Je reçus un appel d’un certain Romain deux semaines après l’avoir rencontré lors d’un diner chez des amis. Ce fût une grande surprise… parce que je l’avais complètement oublié…Mais j’avais le souvenir d’un homme simple, posé, cultivé.

Et je fus encore plus étonnée quand il me demanda mon adresse email plutôt que de m’inviter à boire un verre… et ce fut le début d’une correspondance quotidienne, à discuter de nos vies, de nos projets, de nos passions et même de l’actualité.

J’avoue que je m’étais prise au jeu, et comme une héroïne romanesque, mes sentiments amoureux se développaient fiévreusement.

Six mois après le début de nos échanges (oui…vous ne rêvez pas…six mois), Romain me proposa de passer une après-midi ensemble…puis une seconde….puis une troisième…puis… Bref, mes sentiments étaient bien là, et de toute évidence à en voir ses grands yeux me fixer et me sourire, il était lui aussi épris.

A force d’attendre, je n’étais plus fiévreuse, j’avais un gros coup de chaleur. Les sentiments étaient bien installés, maintenant il fallait absolument passer à la vitesse supérieure.
Il faut bien le dire, je commençais à me consumer et j’étais à deux doigts de devenir obsédée tant cette attente devenait interminable et …ridicule.

Alléluia ! Après une énième après-midi avec Romain, il me proposa enfin de dîner chez lui. J’allais enfin avoir mon moment de béatitude !
Et c’est ainsi, que nous avons préparé, à quatre mains, un bon dîner, arrosé d’une bonne bouteille de vin. Après avoir bu mon premier verre, j’étais déjà rouge écarlate et mes yeux brillaient comme ceux d’un jeune chiot. J’étais pompette. Pendant tout le repas, je ne pensais qu’à passer à la vitesse supérieure et je n’attendais qu’un seul geste de sa part.

Pas de geste. Rien. Juste ces grands yeux bruns qui me fixaient comme s’il avait vu la Vierge.

Diner à peine terminé, Romain se dépêcha de ranger la cuisine. Bizarre. Je me suis alors dit qu’il était peut être timide et que je me devais de faire un premier geste… Après tout je l’avais laissé manœuvrer en imposant six mois de correspondance et un nombre incalculable de rendez-vous amoureux. C’est alors qu’il alla dans son salon pour allumer une bougie. Humm….ambiance romantique…Je le tenais. Je commençais alors à lui déboutonner sa chemise lorsqu’il me dit « STOP », en alliant le geste à la parole.
Imaginez un homme qui vous repousse délicatement et vous plaque en face du visage deux mains grandes ouvertes.
Stupeur, déception, honte … tout y était passé. Je suis alors restée interdite quelques secondes au milieu du salon puis je l’ai suivi à pas de loup jusqu’à l’encadrure de la porte de sa chambre. Le Romain s’était dégagé de mon emprise … pour retirer tranquillement sa chemise et la mettre sur un cintre ! Il fît de même avec son pantalon et se glissa dans son lit, chaussettes aux pieds, bras croisés sous la tête, et me regarda, m’invitant à le rejoindre. J’étais en face d’un psychorigide. Je ne réussis alors qu’à prononcer un mot : « vin », accompagné d’une sourire tendu pour me permettre de m’échapper de cette situation ridicule…Et quitter son appartement, sans jamais y revenir.

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